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« Le Plan de relance confirme l'importance de la transition écologique en France et le rôle de l'ADEME »

Interview avec Arnaud Leroy, Président-directeur général de l'ADEME

Du vote de la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (dite AGEC) au déploiement du Plan de relance, l'année 2020 a été intense sur le front de la transition écologique. Comment la résumer ?

Je souhaite d'abord rappeler et saluer l'intense mobilisation des Adémiennes et des Adémiens tout au long de cette année exceptionnelle. D'abord confinées, puis à distance, les équipes ont répondu présentes pour répondre aux responsabilités qui étaient les nôtres : en maintenant actifs tous nos dispositifs d'accompagnement et de soutien budgétaire auprès des collectivités et des entreprises ; en activant des aides exceptionnelles à destination des associations et des entreprises de l'économie sociale et solidaire touchées par cette crise ; en jouant le rôle de boîte à idées auprès des ministères de tutelle pour contribuer à la relance économique du pays.   

La digitalisation était déjà inscrite au coeur des chantiers stratégiques de transformation de l'Agence. 2020 a-t-elle représenté une année charnière ?

Du fait du recours généralisé au télétravail, ce sont bien sûr tous nos modes de travail qui ont été transformés et digitalisés. Mais la digitalisation concerne aussi et surtout les relations que nous entretenons avec nos partenaires : collectivités, entreprises, organismes de recherche, grand public... C'est la raison pour laquelle la sortie, en pleine crise sanitaire, de notre plateforme numérique de services  "Agir pour la transition écologique"  a constitué une étape si capitale de notre digitalisation. AGIR est désormais le point d'entrée, l'interface et l'outil de communication central dans nos relations avec nos parties prenantes. Et cette plateforme permettra d'engager plus largement et plus fortement notre écosystème.

La question de la transition écologique est centrale dans le Plan de relance. Quel sera le rôle de l'ADEME ?

Le Plan de relance est un véritable moment de basculement pour l'ADEME, car les volumes financiers en jeu sont colossaux. Dans le cadre de son déploiement, l'Agence supervisera l'activation de 2 milliards d'euros : 1,4 milliard en gestion directe pour financer et impulser la transition écologique auprès de tous ; et 600 millions pour lesquels notre expertise technique sera sollicitée. C'est l'opportunité d'engager de nouveaux acteurs, de nouveaux secteurs dans la transition ; et de continuer à installer ce discours qui fait rimer transition avec compétitivité.

A l'échelle des entreprises, il nous permet d'accompagner de grandes unités industrielles dans leur transformation, à travers le Fonds Décarbonation de l’industrie ; mais il nous confère également des moyens inédits pour accompagner les TPE et les PME. Le Plan de relance ne vient toutefois pas remplacer le quotidien de l'ADEME. C'est une mission forte qui nous est confiée sur les 2 ans de sa durée de vie, mais le budget « classique » de l'ADEME est lui aussi en augmentation. La loi AGEC nous a confié de nouvelles responsabilités, notamment dans la supervision des filières REP « Responsabilité élargie des producteurs ».
Au global, ce sont environ 120 collaborateurs qui nous rejoignent pour mener à bien ces différentes missions.   

La crise de la Covid-19 n'a pas eu raison de la transition écologique, en France comme ailleurs. Bien au contraire ! L’Accord de Paris est passé par là et on sait désormais qu'on ne peut plus retarder l'action.

L'année 2020 a également été marquée par la tenue des élections municipales. La transition a été un élément-clé du programme de nombreux candidats. Comment les voyez-vous évoluer ?

Le sujet collectivités est de plus en plus prégnant à l'ADEME. Les collectivités veulent aller de plus en plus vite, et de plus en plus loin, dans la transition écologique. Il faut aller chercher et mettre en place des financements à la hauteur de leurs attentes. En 2020, nous avons mis au point un nouvel outil pour accompagner les démarches intégrées de transition des collectivités : le Contrat d'Objectifs Territorial, que nous avons testé auprès d'une dizaine de territoires et qui sera déployé en 2021. Nous avons également conçu un « parcours élu » sur notre plateforme Agir, qui donne des repères, des chiffres, des conseils, et raconte des histoires de transition. 
Enfin, nous disposons désormais d'un partenaire privilégié avec l'Agence nationale de cohésion des territoires (ANCT), qui va nous permettre d'identifier les territoires où l'on est peu ou pas présent et d'en mobiliser les élus pour une « destination transition ».  

Dans un contexte où la situation sociale se dégrade pour nombre de Français, comment réconcilier transition écologique et impact social ?

Dans le Contrat d'objectifs et de performance que nous avons signé avec l'Etat en 2020, nous avons pris comme fil rouge les Objectifs de Développement Durable (ODD). Cela nous challenge pour mieux prendre en compte et mesurer l'impact social de nos actions et de la transition que nous « produisons ». Depuis le premier jour de ma prise de fonction, j'ai toujours le même leitmotiv : « pas de zone blanche pour la transition ». L'action de l'ADEME doit être une action sur l'ensemble des territoires : des plus isolés aux plus densément peuplés ; et elle doit proposer des solutions pour chaque entreprise et pour chaque citoyen, quel que soit son âge, sa situation, sa catégorie socio-professionnelle. C'est à cette condition, et à cette condition seulement, que la transition écologique réussira car elle requiert l’engagement de tous.